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20 août 2006

La rage d'Odynn

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     Il était une fois...une histoire simple, tirée d'une légende nordique du XIIIe siècle, probablement imaginée et colportée à des fins d' évangélisation: Karin, fille unique de Töre, un hobereau suèdois, est violée et tuée alors qu'elle se rend à l'église. Les assassins demandent ensuite inconsidérément l'hospitalité au manoir et se trahissent en tentant de revendre la robe de leur victime. Le père, renie sa toute jeune foi chrétienne et massacre rituellement les coupables. Il en demande finalement pardon à son nouveau Dieu; là où se trouvait le corps de l'innocente victime, et où il promet d'édifier une église, une source miraculeuse va jaillir.

     Ingmar Bergman en a tiré " Jungfrukällen " ( la source de la vierge ), un fort beau film en noir et blanc de 1959, une oeuvre de 90 minutes digne des cinémathèques où Max von Sydow crève l'écran. Le film est sobre, tourné avec rigueur, avec de belles et impressionnantes images en clair-obscur. La reconstitution du monde nordique médièval est minutieuse jusque dans les moindres détails et rend habilement compte de l'atmosphère violente d'une époque trouble où la christianisation peine encore à pénétrer les campagnes: la jeune fille est ainsi maudite par le dernier prêtre d'Odynn de la région, relégué dans la forêt; quant au père, il va ressortir d'un coffre l'antique couteau sacrificiel ( un plan superbe que celui de la lame qui vibre, plantée avec rage dans la table ) et retrouver les gestes des anciens rites pour assouvir sa soif de vengeance. Les trois victimes de Töre seront mises à mort différemment, chacune selon un des trois types de sacrifices rituels célébrés en hommage aux trois grandes divinités règnant sur les trois fonction du monde cosmique scandinave. On peut dire que Töre officie, après s'être purifié, il mène le sacrifice comme ses ancêtres le faisaient.

      La fin du film reste toutefois fidèle à la légende chrétienne: symboliquement, une source d'eau pure jaillit là où le père repentant retrouve le corps de sa fille martyrisée et où en pénitence il construira une église, le Dieu de Bonté a pardonné l' errance et les gestes de vengeance, le Bien triomphe. Mais après tout, pourquoi ne serait-ce pas Odynn lui-même qui...De toutes façons, un fort beau film à louer et à se programmer à la place d'une des quelconques fadaises habituelles, de quoi passer un bon moment.          YD

      

     

 

      

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