Sarkhéros!

   On se souvient de la récente envolée lyrique du ministre Sarkozy se félicitant du sang-froid dont avaient fait preuve les policiers en laissant leurs armes à l'étui alors qu'ils étaient en proie à des attaques d'une extrème violence dans les "quartiers" en novembre dernier. Les yeux mouillés d'émotion, le petit Nicolas avait cité un exemple héroïque: " un CRS, frappé à la tête pendant 4 minutes avec des barres de fer et des battes de base-ball, avait une arme, il n'en a pas fait usage...la police est républicaine et dans son immense majorité, elle est impeccable "

    D'où vient alors qu'il n'ait pas immédiatement condamné avec force le tir effectué par un policier sur des supporteurs du Paris-St Germain, ni même dénoncé les déclarations de Marin, procureur de la république, assurant que " le fonctionnaire a tiré pour se protéger et pour protéger quelqu'un...il a opté pour une attitude courageuse"... il est vrai que souvent Sarko varie et donc ses conceptions de l'héroïsme aussi.

   A moins bien sûr qu'il n'ait estimé que la situation n'était pas comparable: les sympathiques "jeunes" de la tribu locale qui battaient la mesure sur le CRS exemplaire chantonnaient sans doute "ô catalinetta bella tchi tchi" alors que les monstrueux "hooligans" qui s'approchaient du policier parisien " hurlaient des injures racistes et antisémites"...ce qui évidemment justifie qu'ils servent de cibles vivantes! Ce fut d'ailleurs l'avis de tout le politiquement correct qui a salué le tir quasiment épurateur du justicier et celui de la plupart des médias qui ont traîné la victime dans la boue: la victime d'ailleurs et non pas curieusement les victimes bien que la balle meurtrière ait d'abord traversé le corps de Mounir Bouacher avant d'aller éclater le coeur de son copain Julien Quémener. Il est vrai que cataloguer "racistes" deux potes se prénommant Julien et Mounir...

    Le gardien Antoine Granomort s'est ainsi trouvé propulsé nouvel héros de la police sarkärcherienne, celui qui tire dans le tas quand il l'estime nécessaire, sûr de son bon droit et du soutien de la Loi qui lui reconnaîtra la légitime défense. Il devient donc un exemple pour ses collègues, à l' origine peut-être de la "jurisprudence de la porte de St-Cloud" dont on verra sans doute bientôt si elle sert de référence la prochaine fois que des policiers seront attirés dans des guets-appens, caillassés, encerclés et attaqués par des hordes hurlantes dans certains "quartiers en souffrance". Dont acte.    MPD