02 décembre 2011
Un 2 décembre de l'an 1805 : le soleil d'Austerlitz
Le 2 décembre, bien avant le jour, l'empereur se rendit une dernière fois aux avant-postes pour s'assurer des positions de l'armée russe (...) Il nous fit mettre en bataille derrière son état-major (...) et commanda d'engager l'action. Nous attendîmes assez longtemps dans une immobilité complète. D'abord le brouillard nous empêchait de distinguer ce qui se passait. Mais bientôt un soleil radieux éclaira toute la campagne (...) L'empereur nous fit avancer. Nous étions là vingt-cinq mille bonnets à poil, la garde et les grenadiers Oudinot. Qu'on se figure l'aspect d'une pareille colonne, s'ébranlant tout à coup, et l'empereur au milieu ! (...) Nous montions tranquillement, au son des tambours et de la musique. Napoléon avait voulu faire honneur aux empereurs qui commandaient l'armée ennemie. Contrairement à l'habitude, il avait ordonné que les musiciens restassent à leur poste au centre de chaque bataillon. Les nôtres étaient au grand complet avec leur chef en tête, un vieux troupier d'au moins soixante ans. Ils jouaient une chanson bien connue de nous :
On va leur percer le flanc,
Ran tan plan tire lire au flanc.
On va leur percer le flanc,
Ran tan plan tire lire, Que nous allons rire. [ pour écouter ]
Pendant cet air, en guise d'accompagnement, les tambours battaient la charge à rompre les caisses ; et les tambours et la musique se mêlaient. C'était à entraîner un paralytique !
Mémoires du capitaine Jean-Roch Coignet ( un de ceux dont on dira : voilà un brave ! )
08:05 Publié dans Mémoire | Lien permanent | Commentaires (0)
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