Fête des Mères !

Maréchal te revoilà : le document miracle qui tombe à pic !

Avec une belle unanimité, les médias s' en donnent à coeur joie : pensez donc, par un hasard qui tient plutôt de l' intervention divine un document incriminant directement le Maréchal Pétain - et agravant sa responsabilité - refait surface pile poil soixante-dix ans après la promulgation de la " loi sur le statut des juifs " par l' Etat Français.

Ne faisons surtout pas de moue dubitative : peu importe que le document provienne d' un " anonyme " dont on se demande pourquoi lui ou ses descendants ont attendu si longtemps pour manifester un si bel attachement à la vérité historique ( un peu aidé(s) par des tractations financières selon M. de Rotschild par Figaro interposé) ); peu importe que les annotations imputées au Maréchal aient été faites au crayon de bois et sont de ce fait indatables ( ce qui ne serait pas le cas avec de l' encre ); peu importe que ces mêmes annotations au crayon soient encore parfaitement visibles et déchiffrables après sept décennies; peu importe que se soit MM.Karsfeld ( avocats chasseurs de nazis  ) et non des experts graphologues qui aient à ce jour authentifié l' écriture ( et même les ratures ) comme étant de la main du Maréchal sans contestation possible.

Sans contestation...le mot est lâché. Nous sommes ici dans une démarche quasi religieuse que l' on ne doit en aucun cas plier aux contraintes des recherches historiques traditionnelles. On pourrait essayer de connaître le cheminement du document, tenter de savoir comment il a été conservé et le faire analyser, expertiser, bref l' authentifier avec rigueur si possible, et en cas de doute ne faire que le présenter comme probable voire douteux. 

Impensable ! Le fameux exemplaire de projet est d' emblée considéré - on pourrait dire adoré - comme vrai, incontournablement vrai, parce qu' il illustre une vérité immanente et incontestable : Philippe Pétain est personnellement à la source des lois antisémites dans leur version la plus dure. Parions qu' il sera bientôt interdit - sinon de penser - du moins de dire ou écrire le contraire !

Yves Darchicourt

photo AFP