21 avril 2013
Arras 1794 : les gaîtés du Tribunal Révolutionnaire !
Du 1er février au 12 juillet 1794, jugeant "révolutionnairement", le Tribunal d'Arras a livré au citoyen-bourreau Oudredebanque dit Petit-Pierre environ 400 condamnés. Il faut dire, que le Tribunal Révolutionnaire du chef-lieu du Pas de Calais, jugé trop mou ( 15 condamnés dont seulement 4 décollations depuis sa création en juin 1793) avait été réorganisé par le prêtre défroqué Joseph Le Bon, un arrageois fidèle compagnon de route de son "pays" Maximilien Robespierre. Jugeant chaque jour dès 10hoo le matin, le Tribunal envoyait un huissier, une charrette et quelques sans-culotte quérir la fournée quotidienne dans une des 7 prisons de la ville où étaient entassés les suspects : " prends ton chapeau, on te demande là-bas " s'entendaient dire les malheureux appelés, quasiment assurés de perdre la tête l'après-midi même. Parodie de procès, sentence et exécution, tristes étapes pour des femmes et des hommes sacrifiés sur l'autel de la Terreur républicaine parfois à un tel rythme que leur sang répandu devint une cause d'insalubrité, incitant la commune à prendre un arrêté pour " faire fabriquer un ou plusieurs paniers doublé d'une toile cirée, comme à Paris, afin qu'aussitôt les têtes tombées elles puissent être transportées au cimetière commun et la besace sera doublée dans le fond de fer-blanc pour verser le sang aussitôt dans le panier "
C'est devant ce même Tribunal que, le 4 floréal (23 avril) 1794, sera cité comme témoin à charge du ci-devant marquis Louis-Auguste de la Viefville...le perroquet du vieil homme ! Le citoyen perroquet répondant au nom de Jacquot avait été dénoncé comme criant "Vive le Roi", une énormité contre-révolutionnaire que l'oiseau pourtant s'était obstiné à ne pas répéter à l'audience suscitant la fureur de l'accusateur-public devant une foule rigolarde. Ce qui n'empêcha pas les juges d'envoyer le marquis, sa fille et une de leurs servantes à la guillotine comme "auteurs ou complices de la conspiration ourdie contre le peuple français et sa liberté, ayant, par les soins qu'ils ont pris d'enseigner à un perroquet à proférer les mots odieux de Vive le Roi, voulu provoquer le rétablissement de la royauté et de la tyrannie"
Joseph Le Bon - qui avait aussi "stimulé" le Tribunal Révolutionnaire de Cambrai - sera raccourci le 16 octobre 1795 à Amiens pour "assassinats juridiques, oppression des citoyens en masse et exercice de vengeances personnelles " Quant au perroquet de monsieur de la Viefville, on ne sait pas vraiment ce qu'il est devenu...rééduqué à nasiller "vive la république" par Mme Le Bon, étranglé par l'accusateur-public ivre de rage ou envoyé à Petit-Pierre sur un échafaud conçu pour les volatiles suspects ? Autre temps autres moeurs, ce n'est pas aujourd'hui que l'on verrait la République des Droits de l'Homme s'acharner sur un propriétaire de psittacidé politiquement incorrect ! Pas plus d'ailleurs que sur les citoyens partisans de la famille naturelle qui baguenaudent pacifiquement vers les Invalides ! Quoi que...
17:09 Publié dans L' Histoire à l'endroit | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, histoire, république, terreur, arras, révolution française
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