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15 juin 2011

Historiquement incorrect : Le Croisé ( vidéo - Chris de Burgh )

14 octobre 2009

13 octobre 1307 : la fin des Templiers

templier10.jpg" En cet an qu' ai dit or endroit / et ne sais à tort ou à droit / furent les Templiers sans doutance / tous pris par royaume de France / au mois d' octobre, au point du jour / et un vendredi fut le jour "

Comme un coup de tonnerre dans toute la Chrétienté : sans même solliciter l' avis du Pape Clément V, Philippe IV Le Bel, roi de France, a osé faire arrêter tous les templiers de son royaume !

L' implacable machine administrative qui allait broyer le Temple s' était mise en marche le 14 septembre avec le portage d' une lettre du monarque dénonçant les " crimes " des templiers et ordonnant leur arrestation à tous les baillis et sénéchaux par des commissaires royaux chargés de coordonner les opérations, à savoir : surveiller discrètement les templiers dans chaque Commanderie pour déterminer leurs capacités de résistance, recruter toujours aussi discrètement des hommes de confiance ( chevaliers, échevins ) chargés d' encadrer les forces envoyées sur le terain, s' assurer de la personne des templiers, dresser un inventaire précis des biens mis sous séquestre, procéder aux interrogatoires avant de requérir les inquisiteurs locaux suspects sans doute de n' être point assez persuasifs, obtenir des aveux par tous moyens. Le 22 septembre, l' Inquisiteur de France avait adressé ses instructions aux inquisiteurs du royaume.

De façon stupéfiante, les templiers n' eurent vent de rien où dédaignèrent les informations portées à leur connaissance; à l' aube du funeste vendredi 13, ils se laissèrent prendre sans opposer la moindre résistance. De façon plus stupéfiante encore, les hommes du Temple, et même leurs dignitaires, avouèrent tout ce qu' on voulut qu' ils avouent, notamment l' hérésie, l' idôlatrie et les pratiques sodomites que leur Règle pourtant vilipendait comme un vice " ort et puant." Des aveux extorqués à des hommes rudes qui ne craignaient pas le choc des armes ou la fureur des assauts mais qui humainement faiblirent dans les tourments infligés à leurs corps entravés. Des aveux qui confortèrent un discrédit grandissant dans l' opinion déjà " travaillée  " par des rumeurs basées sur les dires de personnages douteux chassés du Temple pour leur lâcheté ou leurs vices et qui en faisaient des cupides, des soudards ( boire comme un templier, jurer comme un templier ) voire même des proxénètes ( Templehof ), et qui s' adonnaient à des rituels blasphématoires .

On en disait même que leurs abominations les rendaient responsables de la perte de la Terre Sainte. Eux qui ne possédaient rien, pas même leur écuelle ou leurs armes et qui n' amassèrent des richesses que pour les engouffrer dans l' entretien permanent des forteresses et des combattants protecteurs du Royaume de Jérusalem. Eux dont les prestigieuses et puissantes échelles si magnifiquement ordonnées et uniformes décidèrent si souvent de l' heureuse issue de la bataille. Eux, chevaliers francs, au manteau blanc frappé de la Croix rouge pattée, qui impressionnèrent tant leurs ennemis au Croissant comme en témoigne ce texte d' Imâd-Ad-Dîn secrétaire de Saladin : " Templiers impurs (...) chacun d' eux zélé et sans faiblesse, tous formant comme un noeud de vipère, serpents sous leur peau bigarrée, hommes roux aux yeux bleus sur leurs chevaux noirs " 

templier1.gifIls ne savaient que prier et combattre, ils furent finalement terrassés par des fonctionnaires...le gonfanon Baucent ne ménerait plus jamais la charge.

Yves Darchicourt  

 

 

16 mai 2008

Un flamand sur le trône de Constantin !

295268181.jpg " Quand ils l' eurent couronné, ils l'installèrent sur un trône élevé où il resta jusqu' à la fin de la messe, tenant d' une main son sceptre et de l' autre une pomme surmontée d' une petite croix; tout son habillement avait plus de valeur que le trésor d'un riche roi. Après la messe, on lui amena un cheval blanc sur lequel il monta, et les barons le ramenèrent dans son palais de Boucoléon, où on le fit asseoir sur le trône de Constantin; alors ils le tinrent pour le véritable empereur. "  ( récit de Robert de Clari )

Le 16 mai 1204, Baudouin, neuvième comte de Flandre et sixième comte de Hainaut, revêtu du pallium, vient d' être couronné empereur de Constantinople en l' église Sainte-Sophie. Elu par ses pairs un an plus tôt, Baudouin Ier de Constantinople avait pris la croix en l' an 1200 avec force chevaliers et hommes d'arme flamands qui s' ébranlèrent en 1202 pour se joindre à la malencontreuse quatrième croisade qui le fit empereur. Un règne éphémère qui se terminera tragiquement le 14 avril 1205 dans le fracas des armes, les cris, la poussière et le sang de la défaite d' Andrinople. Englouti dans la bataille avec 300 de ses chevaliers, Baudouin ne donnera plus signe de vie.*

Pourtant il se trouvera, vingt années plus tard, quelque croisé de retour du Levant pour croire le reconnaître en la personne d'un ermite de la forêt de Glançon près de Valenciennes. La rumeur fera le reste : le héros est sorti de ses guenilles, on le présente à la foule en liesse à Valenciennes, à Tournai, à Lille, à Gand, à Bruges...le comte toujours vénéré dans la mémoire de ses peuples est de retour ! L' affaire fait grand bruit, jusqu' aux oreilles de Charles VIII de France, qui en sa qualité de suzerain, intervient en désignant ce que nous appelons aujourd' hui une "commission d' enquête" présidée par l' évèque de Senlis. Beaucoup plus efficace que ses homologues contemporaines, la délégation royale aura tôt fait de démonter le subterfuge : le pseudo Baudouin est en réalité Bertrand Cordel, ancien ménétrier, batteleur, comédien, faux ermite et vrai mendiant dont la trouble ressemblance avec le comte devait servir les intérêts de barons ambitieux. L' homme finit par fuir à la fin mai 1225, en emportant bijoux et argent; réfugié en Bourgogne, il est arrêté, promptement extradé et promené partout où il avait été acclamé pour avouer publiquement son forfait...avant d' être étranglé entre deux chiens devant la halle échevinale de Lille.

Cela s'est passé sur les terres de Flandre et du Hainaut, au printemps et à l' été 1225, en ces temps bénis où le merveilleux peuplait le quotidien, pendant quelques mois, les peuples avaient rêvé !            

 Yves Darchicourt        * sans doute mort en captivité en 1206  /  photo: statue de Baudouin Ier à Mons